Points clés :
Quand il n'y a pas de solution évidente et directe au problème, j'ai besoin d'élargir le cadre de ma réflexion. Par exemple, face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, comment élargir mes perspectives pour ne pas rester dans une impasse ? Deux choix principaux s'offrent à moi, l'approche par les causes ou par les effets. Comment appréhendons-nous les situations qui nous dépassent ? Cela peut être dans le quotidien, comme un problème relationnel avec un membre de sa famille ou au travail. Nous montrons qu’il est possible de ne pas se laisser enfermer dans nos problèmes avec deux stratégies possibles, celles que proposent les méthodes SPACE SETTING (Vian & Gaulle) et FOCAL (Vian & Sempels). Quand aucune solution ne parait évidente, ces deux méthodes nous ouvrent des perspectives. Pour les comprendre, imaginons la position d'un observateur qui prend la situation comme elle est et se concentre sur ce qu'elle produit. À la manière d'une cartographie, le processus de la pensée permet de zoomer/dézoomer sur des effets directs que l’on pourrait comparer à des points chauds. Ceux-ci révèlent des potentialités sur lesquelles il peut se concentrer en filtrant une information abondante, afin de discerner des possibilités pour agir à sa portée. Raisonner par la causalité Par exemple, une des causes de l’invasion de l'Ukraine est le fait que Poutine considère comme une menace la perte d’influence de la Russie sur les anciens territoires de l’ex-URSS. Au moment où l’on considère cette cause comme plausible, elle est un effet du passé déjà réalisé. Il est donc très difficile de la modifier. Agir sur cette cause ne se fait pas sans une dépense colossale de moyens. De plus, les phénomènes complexes ayant plusieurs causes, on ne peut pas réduire le problème à une seule. Marion Muller-Colard, pense que "le pourquoi n'est pas une direction, c'est un contre-courant, un contre-temps : il fait remonter les choses vers leur révolu, vers un passé où elles n'ont plus de place à prendre. Le pourquoi éloigne trop de l'enjeu du maintenant." Raisonner avec les effets et non pas les causes La question qui demeure est : comment agir pour améliorer la situation ? Puisqu'on ne peut pas agir rétrospectivement sur les causes, il nous reste la possibilité d'intervenir sur les effets. Pourquoi travailler sur les effets ? Les effets se conjuguent au présent ou au futur immédiat. Ils n’appartiennent pas au passé révolu. De plus, ces effets sont des enjeux du problème. Par exemple, quelques effets de l'événement "la Russie envahit l'Ukraine" sont le fait de prendre des décisions pour réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et souder les Européens. Agir sur ces enjeux, si ces derniers sont dans sa zone d’influence, c’est se donner une chance d’agir sur la situation sans intervenir militairement. En répondant à la question : “que pouvons-nous faire pour réduire notre dépendance énergétique ?”, nous découvrons comment nous pouvons agir sur une de ces conséquences. Nous pouvons le faire si nous avons potentiellement accès à d'autres sources d'approvisionnement, d’autres énergies, ou bien que le choix de la sobriété est raisonnable. Nous privons ainsi la Russie des moyens de financer sa guerre. Ne pas agir sur les effets, c’est se priver des moyens d’agir sur le problème. Cependant, deux stratégies différentes s’offrent à nous à partir des effets. Stratégie par les enjeux du problème (méthode SPACE SETTING) Toute situation posant problème produit des contraintes et des ressources. Si je raisonne à partir du problème, je constate que la guerre génère de l'empathie, de l’altruisme voire de la solidarité envers les victimes. L'empathie est un moteur que je peux mobiliser pour les aider. L’avantage de ce cheminement de pensée est de valoriser le positif intrinsèquement généré par la situation, comme c'est le cas de l'empathie. Si l’effet est négatif, comme la menace d'un conflit nucléaire, je travaille à prévenir ce risque par la diplomatie. La diplomatie se situe pleinement dans la zone de contrôle d’un gouvernement. Cas d’utilisation de Space setting : comment des entrepreneurs confrontés à des variations d’activités lors de la pandémie de la Covid 19 ont su identifier collectivement ce qu'ils pouvaient faire ?
Stratégie par les enjeux de l’opportunité (méthode FOCAL) Si les enjeux du problème exposé ont permis de savoir sur quoi agir, penser les enjeux du problème résolu amène à révéler de nouveaux enjeux qui ne sont pas vus a priori. Cela peut paraître surprenant au premier abord, mais il est possible de le démontrer par une expérience de pensée qui ouvre à de nouvelles associations d'idées. Par exemple, j’imagine le problème résolu comme une opportunité : la Russie fait la paix avec l'Ukraine. Qu'est ce qui, dans ce futur résolu, me permet des possibilités d’agir au présent ? Les effets de l'opportunité sont de baisser l'anxiété des populations, établir une stabilité liée au nouvel équilibre que permet la paix dans la région, développer la production agricole en Ukraine, diminuer la pression inflationniste sur les matières premières, stopper le départ des réfugiés, faire revenir chez eux ceux qui étaient partis, lever les sanctions économiques… Sur lesquels de ces enjeux puis-je agir ? En choisissant par exemple l’effet : développer la production agricole, nous pouvons décider d'envoyer le carburant nécessaire pour faire tourner les tracteurs. Les avantages de FOCAL ne sont pas les mêmes que SPACE SETTING. Penser en positif permet de s'affranchir du biais de négativité. Il désigne la tendance à être plus affecté par les informations et les éventualités négatives que par celles positives. En plus de l'abandon du biais de négativité, cela permet aussi d'être plus créatif grâce aux nouvelles possibilités qui s'en dégagent. Penser à partir du positif génère plus d’effets positifs, alors que nous l’avons vu précédemment, penser à partir du problème génère du positif et du négatif. SPACE SETTING sera plus adaptée pour limiter les conséquences négatives quand FOCAL sera plus pertinente pour une recherche de possibilités originales. Garder la possibilité d’agir quelles que soient les situations fait la spécificité de ces méthodes. Comme pour la créativité, elles invitent à une expérience de pensée originale qui nous fait changer de point de vue pour faire émerger des perspectives. Elles offrent la possibilité d’une pensée latérale ouvrant sur un inédit, mais de façon balisée grâce à des étapes qui rendent les deux méthodes partageables et opérationnelles. Elles sont utilisées par des décideurs et analystes lorsque ceux-ci sont confrontés à l’inextricable. Cas d’utilisation de FOCAL : comment favoriser l’usage du vélo électrique pour désengorger les accès le matin et le soir à Monaco ?
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