Points clés : 

• Les méthodes effectuales visent à cartographier des interactions non visibles spontanément entre des informations a priori disjointes.

• Une sémantique descriptive permet de relier la subjectivité d’un individu avec un autre pour rendre l'analyse intersubjective.

• Les méthodes effectuales révèlent des informations pertinentes dans une masse souvent confuse. C’est faire du clair avec du flou.

Telles des lunettes de réalité augmentée, les méthodes effectuales ont montré qu'elles produisaient un état de compréhension augmentée de possibilités qui n'étaient pas vues. Ces méthodes visent à cartographier des interactions non visibles spontanément. Leur seul but est de trouver des possibilités pour agir dans une situation complexe et incertaine. Ces possibilités naissent de nouvelles interactions devenues visibles et désormais explicites à tous.

Pour opérer ces méthodes, une sémantique descriptive permet de relier la subjectivité d’un individu avec un autre. Ceci rend l'analyse intersubjective, condition pour qu’une intelligence collective puisse opérer. Par exemple, un ami de Paul considère qu'il essaie toujours de développer de nouvelles formes de responsabilisation. Un autre dit que ce n'est pas seulement de responsabilisation dont il s'agit, mais de coopération entre les acteurs. Tous convergent vers l'idée que Paul essaie de développer de nouvelles formes de coopération et que la dernière formulation décrit mieux Paul. Une autre personne qui s'ajouterait et qui connaîtrait bien Paul pourra amender la proposition pour une meilleure, sous réserve qu'elle fasse consensus. Une formulation jugée satisfaisante et stable par tous est le signal que la proposition est bien intersubjective. Dès que Paul rencontrera une situation présentant un enjeu de coopération, il saura mieux l’appréhender et en décider.

Cas d'utilisation n° 1 : quand la valeur n’est pas clairement visible

Il est possible de trier l'information dans une masse pour ne garder que celle qui est pertinente. C’est ce que nous appelons un datamining effectual.

La séquence de raisonnement pour rechercher l’information pertinente est la suivante : 

1. Recueillir des unités de sens (US) descriptives qui sont intersubjectives dans un ensemble de données textuelles.

2. Associer les US par le lien effectual de telle manière qu'une permet ou contribue fortement à l'autre. Par exemple : l'intelligence émotionnelle permet de prendre en compte les émotions dans la communication avec autrui.

3. Rechercher un effet commun et convergent de l'ensemble des données analysées.

Il existe actuellement 2 méthodes qui répondent à ce cas d’utilisation : ISMA Talents™ et ISMA Concepts (auteur Vian).

ISMA Talents™ 

Quentin a reçu des lettres de ses proches qui décrivent ses qualités (esprit curieux, peu susceptible, grande capacité de communication, positif, ... ). Après recueil des unités de sens (182 qualités) et de leurs associations, nous obtenons ses super-talents (caractéristiques distinctives de Quentin).

Il a été possible d'obtenir 6 super-talents qui sont : 

• Entraîner les autres avec lui (68 occurrences)

• S’engouffre quand il voit une opportunité à suivre (65)

• Veut comprendre (15)

• Toujours capable de conceptualiser les choses (11)

• Fait évoluer les autres (11)

• Partage de la valeur est un moteur très puissant (6)

Grâce à l’interaction de ses super-talents et une recherche sémantique intersubjective de ce que permettent tous ses super-talents, nous obtenons sa surcapacité : “Comprendre ce qui se passe autour de lui pour changer les façons de voir habituelles et concrétiser des opportunités de projet”.

Voici quelques contextes d'utilisation :

1. RH : Recrutement, Constitution d'équipe, Bilan de compétences

2. Développement personnel

3. Adéquation avec un projet entrepreneurial

4. Reconversion professionnelle

ISMA Concept

Cette méthode rend explicite la valeur d'un concept (un produit, une marque, une idée, ...). Il s’agit de la même séquence de raisonnement que pour la méthode ISMA Talents™. Il existe plusieurs utilisations possibles comme rechercher la valeur produite par une offre de service (la rendre explicite) ou connaître les caractéristiques d'une entreprise qui attire la nouvelle génération.

Avec l'INSEAD, nous avons souhaité identifier la méthode d'enseignement idéale, celle qui motivera le plus un étudiant en école de management. Les étudiants ont produit des lettres pour décrire les qualités attendues de leur enseignement. Il ressort de cette analyse les caractéristiques distinctives (équivalents des super-talents pour ISMA Talents™) des qualités idéales d’un enseignement.

Un cours idéal permet de :

• Aider un adulescent à devenir un adulte responsable qui va développer sa propre personnalité et s'épanouir.

• Apprendre quelque chose qui prépare à la vie future.

• Garder l'attention au maximum du fait d'un professeur passionné.

• Mettre en confiance face à l'inconnu, ce qui a pour effet d'encourager l'initiative personnelle.

• Encourager à rechercher une nouvelle connaissance par soi-même.

Voici la proposition de valeur d'un enseignement idéal que la méthode a permis de révéler : “captiver les étudiants à travers une transmission de savoirs multiples pour leur permettre de se construire”. Concrètement, cette nouvelle connaissance permet de mesurer les écarts avec ce qui se fait actuellement et d’inventer les nouvelles formes d’enseignement captivantes permettant à l’étudiant de se construire.

Dans quels contextes utilise-t-on ISMA Concept ?

• Identité collective d'une organisation.

• Marketing de la valeur : identité de marque, comment une marque, un produit, une organisation est perçue, marque employeur.

• Caractérisation de concepts émergents.

• Repositionnement stratégique.

• Management du savoir.

Autre cas d’utilisation d’ISMA Concept : quelles sont les caractéristiques du manager de ce début de 21° siècle ?

Cas d'utilisation n°2 : quand la valeur est explicite mais que l’on ne connaît pas encore son usage (ISMA360™, auteur Vian)

Imaginons que je dispose d'une ressource (invention, idée nouvelle, façon de faire différente, brevet, ...) dont la valeur est explicite (ex : stockage d'une grande quantité de données sur quelques grammes d'ADN synthétisé). J’en recherche l'usage approprié au moindre effort et avec un risque acceptable en vue de sa concrétisation. S’agit-il de vendre de l'ADN de synthèse ou de garantir la sécurité des données ? S'agit-il du besoin d’une banque ou d’un Data Center ? Le problème principal que résout l’invention n'est pas évident à ce stade.

Quelle séquence de raisonnement pour commencer à connaître son utilisation ?

1. Recueillir des caractéristiques qui différencient la nouveauté.

2. Rechercher un effet commun et unique de l'ensemble des caractéristiques. Exemple : stockage de données (le rôle) sur de l'ADN synthétisé (le contexte).

3. Rechercher les enjeux auxquels l'effet commun répond. Exemple : réduire le risque de perte d'actifs des clients, réduire les émissions de CO2 liés au stockage de données, ...

ISMA360 est particulièrement adaptée aux contextes suivants :

• Trouver le marché accessible d'une invention définie : innovation technologique, innovation de modèle économique, innovation d'usage.

• Rechercher des partenaires stratégiques.

Cas d'utilisation n°3 : quand le problème et ses enjeux ne sont pas clairs (Space Setting, auteurs Vian et Gaulle)

Nous sommes souvent confrontés à des problèmes complexes. Nous avons besoin de savoir ce qui pose vraiment problème et surtout de rechercher les zones que nous contrôlons. Le problème, c'est le problème.

Séquence de raisonnement pour clarifier le problème :

• Partir d'un problème de départ.

• Rechercher des effets du problème.

• Associer les effets entre eux par le lien effectual.

• Déduire les zones de contrôle parmi ces effets. Ceci aura permis de redéfinir le problème de départ autour de quelque chose que je maîtrise.

Voici quelques exemples de contextes d'utilisation de Space Setting :

• Projet bloqué.

• Problème clair récurrent sans solution évidente.

• Communication de crise.

• Gestion de l'incertitude.

• Problème pas clair (difficile à identifier).

• Intrapreneuriat.

• Extrapreneuriat (spin off).

• Obsolescence d'un produit ou d'un service.

Cas d'utilisation n°4 : quand le problème est clairement établi mais que la solution semble impossible (FOCAL, auteurs Vian et Sempels)

Cette fois-ci, le problème est bien posé et je recherche des possibilités d'actions originales parce qu’il n'y a pas de solution évidente. Maintenant, le problème, c’est la solution.

Séquence de raisonnement de FOCAL :

• Partir d'un problème de départ bien posé ou intersubjectif.

• Transformer le problème en opportunité (le problème en positif).

• Rechercher des effets de l'opportunité.

• Associer les effets entre eux par le lien effectual.

• Déduire les zones de contrôle parmi ces effets.

• Rechercher des pistes d'actions en répondant aux deux questions : que sais-je ? et que puis-je faire ? 

Quelques contextes d'utilisation de FOCAL :

• Boite à idée, sous forme d'un “escape game", d'un projet bloqué ou en difficulté pour trouver des pistes d’action.

• Manque de ressources pouvant conduire à l'abandon d'un projet.

Cas d'utilisation n°5 : quand chacun a ses propres objectifs et que nous pensons à tort ne pouvoir poursuivre qu’un seul objectif à la fois (EFFECTUAL GOALS, auteurs Vian et Tousart)

Cette méthode est la 6° et la dernière-née. À notre connaissance, Effectual Goals est la seule méthode visant à atteindre des objectifs reliés. Notons que les objectifs d'entreprise sont souvent imposés par les chefs et peuvent être vus comme séparés et confiés à des équipes différentes. Une alternative à cette approche consiste en 3 étapes : expression d'une pluralité d'objectifs, identification des liens entre ces objectifs et visualisation de synergies de moyens existants pour les atteindre.

Quelques contextes d'utilisation d’EFFECTUAL GOALS :

• Concertations sociales et définition d’objectifs.

• Économie de moyens pour atteindre des objectifs ambitieux.

Bien que ces méthodes s'appliquent à 5 cas d'utilisation, elles se combinent de façon modulaire. Par exemple, une idée inventive trouvée avec FOCAL peut se poursuivre par une étude marketing avec ISMA360™. 

De même, après un ISMA Talents™ :

• Soit je veux résoudre un problème à partir de ma surcapacité. Elle peut aider à définir une zone de contrôle que j'aurai trouvée avec Space setting.

• Soit je veux rechercher un problème auquel je peux répondre avec ma surcapacité (ISMA360™). 

Avec ces méthodes, nous sommes désormais outillés pour affronter les situations floues créées par la surabondance des informations. Elles fonctionnent comme des filtres qui permettent de rendre une information manipulable alors que son abondance initiale saturait nos capacités cognitives.